TransmissionsTexte et mise en scène Justin Laramée
Assistance à la mise en scène Ève Marchand
Avec François Bernier, Émilie Gilbert, Roger Léger, Louis-Olivier Mauffette, Marie Michaud et Ève Presseault
Éric et Lucille reçoivent leurs trois enfants au chalet familial qui sera bientôt vendu. On se prépare à célébrer les six mois du petit Alphonse. Dans la foulée de cette réunion, où réalisme et fantastique se côtoient, chacun tente maladroitement de trouver sa place. À cette énigmatique fratrie s’ajoutent les voix d’une oie et d’une chienne morte.
Dans cette rencontre familiale traditionnelle, l’auteur entraîne le public dans une saga à la fois prenante et humoristique, axant son discours sur la rupture des transmissions générationnelles, les questions d’héritage, les relations de couple et les rapports familiaux. Dans Transmissions, les hommes s’enfuient comme les oies sauvages et les femmes montent la garde. Omniprésente, la mort rôde sans relâche, tandis que le cycle de la vie, inéluctable, fait son oeuvre.
Justin Laramée reçoit son diplôme du Conservatoire en 2003, en interprétation. Il a participé depuis à près d’une trentaine d’oeuvres, comme acteur, auteur ou metteur en scène. Le texte Transmissions a reçu le Prix Gratien-Gélinas en 2008, ainsi qu’une nomination au Prix Michel-Tremblay. La pièce a été créée pour la première fois Aux Écuries en 2011. Toujours avec sa compagnie Qui Va Là, Justin Laramée a créé sa pièce 4 fois Mélanie 1/2 en 2010 à La Petite Licorne.
Section vidéo
une vidéo disponible
Décor et costumes Geneviève Lizotte
Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Musique Benoît Côté
Accessoires Valérie Archambault
Tête-à-tête : Jeudi 4 avril
Une production Qui va là
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246
Dates antérieures
Du 29 mars au 16 avril 2011 - Création, Aux Écuries
par Sara Fauteux
Crédit photo : Justin Laramée
Une famille est réunie pour une dernière fois au chalet familial, avant que celui-ci ne soit vendu. Ils ont fait le voyage ensemble, mais ils effectuent tous ce retour à la terre pour retrouver une partie d’eux-mêmes. On vient y enfouir ou y exhumer un morceau de sa vie. Les membres de cette famille, que tant de deuils et d’espoirs déçus opposent, sont également unis par des liens forts, des liens d’amour qui s’expriment autant dans la douceur que dans la violence de leurs rapports.
Le texte de Justin Laramée, retravaillé sans cesse depuis 2007, est encore plus précis et fluide que celui entendu en 2011 lors de sa création Aux Écuries. La distribution, quelque peu modifiée depuis, est également très forte, bien que le manque de conviction de Louis-Olivier Mauffette nous fasse regretter le jeu, tout aussi nonchalant, mais beaucoup plus intéressant, de Maxime Dénommée qui incarnait le même personnage en 2011. Émilie Gilbert et François Bernier sont par ailleurs particulièrement remarquables ; ils plongent tous deux à fond dans l’étrangeté et la vulnérabilité de leurs personnages et en dévoilent ainsi toute la beauté.
Il serait plutôt inutile de se référer à la création de cette production pour en apprécier la reprise, si ce n’était que du décor qui décevra inévitablement les premiers spectateurs de Transmissions. En effet, l’espace réduit de la scène de La Licorne, sur laquelle les acteurs semblent presque à l’étroit, diminue passablement l’effet de la superbe scénographie de Geneviève Lizotte. Sur la scène des Écuries, l’immense forêt conçue par Lizotte dans laquelle les personnages semblaient égarés était non seulement d’une grande beauté, mais également un symbole évocateur de la force de la nature.
Cette interaction entre l’homme et son environnement est tout de même très bien représentée dans le rapport brut des personnages à la terre qui recouvre presque en entier le sol et dans laquelle chacun se salit les mains. L’auteur et metteur en scène fait entendre sur scène les voix d’animaux qui accompagnent les personnages dans leurs épreuves et leur rappellent le cycle de la vie sur terre. Ces passages où les marionnettes de Valérie Archambault et Mathieu René prennent vie à travers les personnages des parents sont troublants de beauté et de simplicité.
L’écriture de Justin Laramée est construite sur un sens de l’humour savoureux et percutant. Bien que les personnages prennent parfois des attitudes un peu caricaturales, l’auteur réussit à atteindre une grande justesse de ton en ne faisant jamais verser ses personnages dans le cabotinage. Cet humour un peu décalé sert plutôt à créer un univers teinté de malaise, aussi étrange que familier et attachant. Il atteint d’ailleurs cet équilibre fragile dans tous les aspects de son spectacle qui est à la fois cru et raffiné.
Pour ceux qui n’avaient pas eu la chance de voir Transmissions lors de sa création en 2011, ne manquez pas la reprise de cette production qui vaut le détour.