Mathilde Giffard a 92 ans. C’est une femme charmante, intelligente, rusée et très déterminée.

Elle vit à Paris dans un appartement vieillot avec sa fille Chloé, une femme étrange, institutrice sévère qui a toujours caché ses émotions.

Tout va basculer dans la vie de ces deux femmes quand Mathias Gold fera son entrée dans cet univers clos.

Écrivain américain sans le sou, Mathias débarque à Paris avec l’intention de commencer une nouvelle vie en vendant l’appartement dont il vient d’hériter de son père. Mais voilà qu’il découvre avec stupéfaction que son père lui a légué, en même temps que l’appartement, les deux personnes qui ont le droit d’y résider à perpétuité, et qui n’ont nullement l’intention de le céder.

Les trois personnages découvriront comment, en une seule semaine, la vie peut changer radicalement au fur et à mesure que les secrets de famille seront dévoilés.

Très chère Mathilde, une œuvre dramatique à la fois drôle, passionnante et émouvante où les thèmes de la compassion, du pardon et du deuil se marient de main de maître.


Texte
Israel  Horovitz

Mise en scène
Daniel Roussel

Avec
Béatrice  Picard, Marthe Turgeon, Bruce Dinsmore.

Décor
John C. Dinning

Costumes
François Barbeau

Éclairages
Claude Accolas

Musique
Christian Thomas

Accessoires
Normand Blais

Assistance à la mise en scène
Elaine Normandeau

Du 6 septembre au 14 octobre 2006
Billetterie : (514) 842-2112

 

par Geneviève Germain

Lorsque Mathias arrive en France, il est loin de se douter de ce qui l’attend. Cet écrivain américain sans le sou vient d’hériter d’un appartement donnant sur le jardin du Luxembourg et il a la ferme intention de le vendre rapidement afin de pouvoir empocher des profits. Toutefois, une fois sur place, il se fait surprendre par la présence en « bonus » d’une dame de 92 ans et de sa fille vivant dans son appartement en toute légalité et qu’il ne peut déloger avant la mort de la première, celle-ci ayant signé un viager. La situation le forcera à louer une chambre dans son propre appartement, le temps de régler la situation et de se faire surprendre par bien d’autres secrets.

Présentée à la toute fin de la dernière saison au Leonor and Alvin Segal Theatre, Très chère Mathilde, de l’écrivain américain Israel Horovitz, reprend d’assaut les planches du théâtre montréalais chez Duceppe. Présentant les mêmes acteurs, décors, costumes et même metteur en scène, la pièce concorde en tous points à son alter-égo anglophone, si ce n’est que maintenant le français y est prédominant et que le rôle masculin est dorénavant interprété par Bruce Dinsmore.


Photo : Françcois Brunelle

Dès le début de la pièce, Béatrice Picard convainc et séduit dans le rôle de Mathilde, une vieille dame à l’esprit vif et rusé, qui ose dire tout haut ce qu’elle pense, au grand dam de sa fille Chloé (Marthe Turgeon), une institutrice coincée qui n’a jamais osé quitter le nid familial. À leurs côtés, Bruce Dinsmore dans le rôle de Mathias se débrouille très bien dans la langue de Molière, laissant transparaître un mince accent anglais. Toutefois, sa nervosité se fait sentir au début de la pièce où il enchaîne les répliques à un rythme effréné, laissant plusieurs blagues tomber à plat. Néanmoins, il réussit à trouver son tempo avant la fin de la première partie.

Même si les touches d’humour sont grandement présentes dans le texte d’Horovitz, plusieurs confrontations sont au menu entre les différents personnages. Chacun use bien des silences pour appuyer les propos et la tension se fait sentir. Néanmoins, il est difficile de se sentir réellement interpellé par la pièce. Les rebondissements savent nous surprendre, mais toujours sans nous attendrir. L’histoire se déroule méthodiquement, sans grandes émotions et semble parfois traîner en longueurs. Heureusement, le récit comporte assez de surprises pour nous garder intrigués jusqu’à la fin et la deuxième partie offre un rythme beaucoup plus intéressant.


Photo : Françcois Brunelle

Ceci dit, le point fort de cette pièce est sans contredit le décor de John C. Dinning, qui offre un panorama typiquement européen avec de grandes fenêtres voilées, de vieux meubles aux coussins de velours rouge-rosé et un horizon d’édifice typiquement français.

Bien que la pièce demeure lourde par moments, tout comme son pendant anglais, force est de constater que le résultat est un peu plus peaufiné. À voir pour le jeu impeccable et espiègle de Béatrice Picard et le décor somptueux.

16-09-2006