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Lascaux
Du 12 février au 2 mars 2019

Fuyant le danger, Madeleine se retrouve prisonnière d’une caverne occupée par Dordogne, une tortue millénaire. C’est dans cet univers hostile qu’elle accouche de Lascaux. Dans l’espoir que son fils connaisse un jour le monde extérieur, elle lui transmet tout ce qu’elle sait : la parole, l’art et l’écriture. Et un jour, Lascaux découvre une issue. A-t-il ce qu’il faut pour survivre ?

Jeu d’acteur, théâtre d’ombres et marionnette, voilà ce que marient Jasmine Dubé et Pierre Robitaille et leurs deux compagnies aguerries, pour ce spectacle qui nous entraîne à l’origine de l’humanité, là où la lumière est à naître.


De Jasmine Dubé
Mise en scène Jasmine Dubé et Pierre Robitaille
Avec Éva Daigle, Jules Ronfard et Marjorie Vaillancourt


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance Laurence Croteau Langevin
Régie Gabriel Duquette
Conception Thomas Godefroid, Marcelle Hudon, Christophe Papadimitriou, Pierre Robitaille, Erica Schmitz

Sera aussi présenté au Théâtre Périscope (Québec) du 15 janvier au 2 février 2019

Durée à venir

Horaire variable

 

Régulier

*60 ans et +

*30 ans et -

**MHM

44,00 $

32,00 $

​30,00 $

29,00 $

​36,00 $

32,00 $

30,00 $

26,00 $

* Pièce d'identité requise
** Pour les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Preuve de résidence requise.

Forfait Premier Regard

2 billets pour 1 même spectacle 36,00$
Disponible du mercredi au samedi de la première semaine de représentations.

Billets ni transférables ni remboursables. Le Scriptarium 2019 exclu.

Une coproduction Théâtre Bouches décousues et Pupulus Mordicus


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Critique disponible
            
Critique

Largement inspirée d’un cauchemar fait il y a plusieurs années par l’autrice Jasmine Dubé, Lascaux, la nouvelle création du Théâtre Bouches Décousues coproduit par Pupulus Mordicus, se terre pendant quelque temps au Théâtre Périscope pour y faire ses premiers pas dans le monde extérieur. L’expérience théâtrale en huis clos, tout en nous enveloppant presque hermétiquement dans une bulle d’espoir, déçoit.






Crédit photos : Denis Baribault

Durant ce qu’on devine un conflit armé mondial – peu d'indices seront donnés pour déterminer l'espace-temps dans lequel les protagonistes évoluent –, une femme en fuite (Marjorie Vaillancourt) tombe dans le puits d’une grotte. Blessée, elle constate peut-être trop rapidement qu’elle y sera confinée jusqu’à sa mort. Si le suicide semble d’abord une option, elle étouffe l’idée, découvrant qu’une vie pousse en elle. Elle nomme ce petit être Lascaux (Jules Ronfard), l’élevant de son mieux dans cette caverne-univers. Elle tente de lui transmettre tout ce qu’elle peut avant de mourir, en lui donnant comme mission de sortir de cet endroit. En tant qu’être humain né hors du monde, il saura peut-être le changer, ce monde en perdition.

C’est au cœur d’un décor magnifique de grotte (conçu par Erica Schmitz), rappelant presque une chapelle naturelle, voire une cavité utérine, que se joue l’histoire de Madeleine et de Lascaux. Au-dessus d’eux, une grande toile ferme l’espace, permettant la projection de jeux de lumière et d’ombres concoctés par Marcelle Hudon. C’est d’ailleurs de cette manière qu’apparait furtivement un troisième personnage, soit la tortue Dordogne, aussi vieille que la terre, qui vient à la rescousse du duo – elle rappellera vaguement, au plus vieux, Morla la Vénérable, du film L’Histoire sans fin. Pour l’interpréter, cachée dans les coulisses, Eva Daigle use d’une voix trainante ; la tortue réfléchit ainsi à voix haute sur la vie, la mort, le temps, mais aussi sur le langage, en faisant, par exemple, plusieurs associations et jeux de mots plus ou moins inspirés. Si le personnage parait d’abord intéressant (une présence surtout remarquée par le spectateur, et, plus tard, par Lascaux), les nombreuses interventions parfois peu pertinentes minent le déroulement de la représentation. De plus, la mise en scène à quatre mains (Jasmine Dubé et Pierre Robitaille) use d’un subterfuge technique éprouvé (mais aussi éprouvant) pour évoquer le temps qui passe. La pièce est divisée en plusieurs saynètes, d’une durée de quelques secondes à quelques minutes à peine, séparées par des transitions au noir et un son caractéristique – une chute de ce qui pourrait être des coquillages qui s’entrechoquent. Quoiqu’efficace, la technique surutilisée alourdit la dynamique de la pièce, plaçant le spectateur dans un état second alternant entre l’éveil et le demi-sommeil.

...à l’arrivée de Lascaux, ...la pièce prend un certain élan dramatique plus intrigant, plus intéressant...

L’oreille est continuellement stimulée par le bruit incessant de gouttes d’eau et par l’écho du vent dans la caverne. Quelques mélodies s’insèrent ici et là ; s’alternent contrebasse, orgue et autres instruments. Un superbe environnement sonore créé par Christophe Papadimitriou.

Dès son arrivée, et ce, jusqu’à la toute fin, le personnage de Madeleine inspire étonnamment peu de sympathie, voire aucune compassion. Marjorie Vaillancourt n’en est nullement responsable : elle interprète plutôt bien cette partition difficile, voire rêche. Il faut regarder ailleurs : la langue dont Madeleine use s’avère plus poétique qu’usuelle, créant rapidement une distanciation. De plus, l’impatience qui habite cette femme transparait dans tout, dont la manière d’élever Lascaux. Et, fait surprenant pour une production du Théâtre Bouches Décousues, le personnage semble manquer viscéralement d’amour, comme si la connaissance prévalait sur tout – on comprend que leur survie en dépend, reste que l’amour, au centre de l’espoir, fait ici cruellement défaut.

Cependant, à l’arrivée de Lascaux, d’abord sous la forme d’une marionnette, puis en jeune adolescent en chair et en os, la pièce prend un certain élan dramatique plus intrigant, plus intéressant, alors qu’il découvre – miracle! – des galeries et des tunnels qui mènent vers des objets de l’humanité, puis vers l’extérieur. La présence et l’utilisation de la marionnette, même si elle est visuellement charmante et très bien manipulée, peuvent s’avérer légèrement discutables, étant le seul véritable objet marionnettique de la pièce ; le comédien qui la manipule aurait facilement pu jouer ce rôle de petit garçon. D’ailleurs, Jules Ronfard, grâce à un champ lexical restreint et un jeu naïf et enjoué, rend le personnage très attachant, peu importe l’âge.

Allégorie sur le monde actuel et sur la transmission, Lascaux plait aux yeux, aux oreilles, mais moins au cerveau et au cœur. La langue parfois trop littéraire, à la poésie tantôt lumineuse, tantôt « surprenante », ne sert pas toujours le propos – la lecture du livre, publié chez Dramaturges éditeur, pourrait proposer une expérience plus intéressante dans ce cas. Minimaliste, la pièce donne l’impression d’un long prologue, d’une entrée en matière pour le sujet qui ne sera jamais abordé, soit la découverte du monde par les yeux du jeune homme.

16-01-2019


 

Salle Fred-Barry, Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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