Du 4 au 29 novembre

Victime de l’ambition, de la jalousie et de la rivalité amoureuse, Edmond Dantès est arrêté en 1815, le jour de ses noces. Il sera enfermé durant quatorze longues années, faussement accusé par une lettre anonyme. La solide amitié
et les leçons d’un autre prisonnier, l’abbé Faria, lui permettront de démasquer les trois auteurs de cette lettre et de préparer sa vengeance. Une évasion spectaculaire, une île mystérieuse et un trésor fabuleux permettront à
Edmond de devenir le comte de Monte-Cristo. Et l’aventure ne fait que commencer…

Cette histoire nous est racontée par une troupe formée de treize jeunes acteurs qui ont choisi, pour ce faire, de s’inspirer du théâtre de l’époque de Dumas. Bonimenteurs à la porte des théâtres, pantomime, mélodrame, théâtre
de foire : c’est ce mélange des genres qui a vu naître le drame romantique et qui apporte sa couleur au spectacle dans lequel l’humour et le drame se côtoient.

Texte
Alexandre Dumas père

Adaptation
Elizabeth Bourget

Mise en scène
Robert Bellefeuille

Avec

François-Xavier Dufour Edmond
Bénédicte Décary Mercédès
Gary Boudreault L’abbé Faria
Normand Bissonnette Morrel, Contrebandier 2
Geoffrey Gaquere Danglars
Vincent-Guillaume Otis Fernand, le Greffier
Olivier Aubin Caderousse
Simon Rousseau Villefort, Contrebandier 1
Justin Laramée Bertuccio
Erwin Weche Jacopo
Frédéric Bélanger Maximilien, Nouveau Gardien, le Commissaire
Jean-Robert Bourdage Pénélon, Ancien Gardien
Sasha Dominique Madame Morrel, La Carconte

Edmond Dantès partira en tournée au Québec, du 2 mars au 14 mai 2004.


par David Lefebvre

On dit que le Comte de Monte-Cristo est le deuxième plus grand roman d'Alexandre Dumas, juste après Les Trois Mousquetaires. Dumas lui-même le disait. Mais combien d'entre vous n'ont pas été choqués par l'injustice d'Edmond Dantès? Combien sont restés émerveillés par ses talents, des maquillages aux déguisements, pour se venger (ou plutôt punir) des hommes qui lui ont volé 14 ans de sa vie et sa fiancée? Combien d'entres vous n'ont pas restés marqués par les aventures du Comte de Monte-Cristo, soit par le roman ou la télésérie (donc celle avec Gérard Depardieu)? C'est d'ailleurs par Depardieu que j'ai connu Dantès et par Les Trois Mousquetaires, quelques années auparavant, que j'ai connu Dumas.

Dumas était un écrivain hors pair: il amenait le lecteur exactement là où il le voulait, par une force d'écriture terriblement vivante et pleine de rebondissements. Ses pièces étaient jouées et rejouées devant des salles combles. Mais ne nous éloignons pas : on pourrait tellement écrire seulement sur Dumas tant sa vie fut remplie d'événements et de situations fantastiques. Revenons donc à Dantès.

Victime de l’ambition, de la jalousie et de la rivalité amoureuse, Edmond Dantès est arrêté en 1815, le jour de ses noces. Il sera enfermé durant quatorze longues années, faussement accusé par une lettre anonyme. La solide amitié
et les leçons d’un autre prisonnier, l’abbé Faria, lui permettront de démasquer les trois auteurs de cette lettre et de préparer sa vengeance. Une évasion spectaculaire, une île mystérieuse et un trésor fabuleux permettront à
Edmond de devenir le comte de Monte-Cristo...

Dumas avait écrit Le Comte de Monte-Cristo en feuillets pour un journal, ce qui explique qu'il y ait tant de rebondissements durant le récit. Puis une pièce a été tirée de cette histoire, qui durait 6 heures. Heureusement, nous avons droit ici à une version plus courte, mais seulement la moitié de l'histoire. Les difficultés de la pièce se situait au niveau historique (il fallait bien expliquer le contexte, avec Napoléon, la guerre des Cent-Jours...), au niveau du nombre des personnages, des endroits géographiques (on passe de bureaux au bateau en passant par la prison du Château d'If et le port)... Mais l'adaptation d'Élizabeth Bourget (qui a su admirablement bien actualiser et couper aux bons endroits) et de la mise en scène énergique de Robert Bellefeuille font en sorte que la pièce Edmond Dantès est un feu roulant, une aventure enlevante et dynamique.

Le décor est simple, tout en bois, avec des panneaux coulissants, une voile, des cordages. Par des jeux de lumières (dont de magnifiques teintes d'orange) et d'ombres, aucun changement de décor n'est nécessaire et on parvient à faire croire aux différents endroits, comme la prison (terriblement sombre) et le port. Il y a aussi de l'eau, que l'on ne voit pratiquement pas mais qui est bien présente. Les hommes marchent dedans et on voit parfois sont reflet sur les panneaux. Les costumes sont magnifiques, jouant avec plusieurs teintes et tissus selon le rang de chacun.

La pièce ne se veut pas obligatoirement réaliste : dès le début, on plonge dans le style théâtral du 19e siècle, où les comédiens entrent en scène et nous parlent directement. C'est avec un accent marsaillais qu'on nous souhaite la bienvenue, et durant la pièce, plusieurs personnages feront des apartés pour nous expliquer leurs sentiments, ou des événements historiques, ce qui donne un ton très "conte" et sympathique au spectacle. Les enchaînements sont rapides, le langage est direct, les tirades "à la Dumas" sont hilarantes.

Les comédiens sont tous et toutes (oui toutes, il y a quand même deux comédiennes...) excellents, surtout Olivier Aubin qui fait bien rire la foule avec son ivrogne de Caderousse et Gary Boudreault qui joue Faria avec modestie et vigueur, pour un vieux prisonnier... François-Xavier Dufour joue un Dantès intéressant. Comme il doit jouer deux âges, il semble plus à l'aise dans la deuxième moitié, quand Dantès est plus vieux. Bénédicte Décary joue une Mercédès aux multiples charmes et est très séduisante en catalane, dansant le flamenco... Danglars (Geoffrey Gaquere) est méchant et vicieux, comme on les aime. Vincent-Guyllaume Otis interprète Fernand l'amoureux (qui épousera Mercédès) avec ambiguité, mais toujours avec cette pensée qu'il aime Mercédès et qu'il ferait tout pour l'avoir. Normand Bissonnette joue Monsieur Morel au grand coeur avec modestie et noblesse. Bref, une joyeuse bande qui ne demande qu'à jouer et raconter une des plus grandes aventures de Dumas!

Après Les Trois Mousquetaire il était prévisible mais merveilleux de présenter cette pièce au Théâtre Denise-Pelletier. Comme elle parle de vengeance, d'aventures, d'honneur, de cruauté, elle parle directement aux jeunes, victimes de taxage par exemple. Et comme la mise en scène est rapide et efficace, ils ne peuvent qu'apprécier le jeu et l'intelligence de l'adaptation et du propos. Elle donnera au moins le goût à ceux et celles qui ne connaissent pas Dumas de le lire. La première partie commence au tout début, quand Edmond revient de l'île d'Elbe, où se cache Napoléon et se termine par son évasion du Château d'If. La pièce se termine quand Edmond Dantès, après avoir parlé à Caderousse et Bertuccio, s'apprête à devenir le comte de Monte-Cristo et à monter vers Paris. Le spectacle nous laisse quand même sur notre faim, mais d'une façon fort positive : à quand la suite? Au plus vite, que diable!