2007

« Le sens ? Regardez la neige ! Quel sens est-ce que ça a ? ! »

Comédie dramatique bercée par la poésie et la musique, Lentement la beauté raconte l’histoire d’un homme ordinaire, dont la vision du quotidien est remuée par sa rencontre avec la pièce les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov. Cette œuvre le bouleverse et entraînera sa transfiguration ainsi qu’une remise en question profonde de sa perception des choses et des gens qui l’entourent. La pièce nous mène au cœur de sa vie intérieure, tout en balayant de ses faisceaux la vie de ses proches : sa femme, ses enfants, ses collègues de travail, et même des inconnus sur la rue ou dans un café.

L’équipe du Théâtre Niveau Parking nous propose ici une pièce sur le sens des choses et sur l’importance de l’art dans nos vies. Quand plus rien ne semble donner, voire indiquer, de sens dans la vie, l’art peut-il en suggérer un ? La rencontre a lieu sous nos yeux, provoquant la transformation de l’homme et, en contrecoup, celle de ses proches. Et ce, sans que les personnages aient à passer par le conflit, l’affrontement ou le choc.

Lentement la beauté fut créé par le Théâtre Niveau Parking en 2003, puis joué à de nombreuses reprises au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Ses qualités lui ont valu, notamment, le Masque de la meilleure production Québec ainsi que la palme de « la plus grande émotion théâtrale 2003 » du journal Voir Québec.

De Michel Nadeau
En collectif avec Marie-Josée Bastien, Lorraine Côté, Hugues Frenette, Pierre-François Legendre, Véronika Makdissi-Warren et Jack Robitaille
Mise en scène
Michel Nadeau

Avec
Marie-Josée Bastien, Josée Deschênes, Hugues Frenette, Pierre-François Legendre, Véronika Makdissi-Warren et Jack Robitaille

Collaborateurs
Monique Dion
Yves Dubois, Denis Guérette
Marie-Chantale Vaillancourt

Denise-Pelletier
Du 23 mars au 7 avril 2007
(Représentations scolaires du 21 mars au 7 avril)
Billetterie : 514-253-8974

 

2004

«Les oies, par exemple, elles volent, sans savoir pourquoi, ni où elles vont. Et peu importe, pourvu qu'elles volent.
- Tout de même, quel est le sens de tout cela?
- Le sens? Regardez la neige. Quel sens cela a-t-il?»

Confortablement installé dans sa carrière, son couple et sa famille, un quadragénaire, M. L'Homme, gagne une paire de billets pour Les Trois Soeurs de Tchekhov. Sa vie ne sera plus jamais la même. Patienter toute sa vie jusqu'à la retraite à 55 ans équivaut-il véritablement à vivre? L'existence de M. L'Homme serait-elle futile, stérile, vide de sens? Et si la vie n'avait pas de sens? Et si la beauté, celle des bouleaux, des oies sauvages, des vers de Verlaine, des chemises faites à la main par un artisan qui y met toute son âme, si cette beauté était ce qui fait en sorte que la vie vaut d'être vécue?

La pièce Lentement la beauté a tenu l'affiche du Périscope du 1er au 26 avril 2003 et a remporté le Masque de la production Québec en 2003.

Texte de
Michel Nadeau
en collectif avec
Marie-Josée Bastien, Lorraine Côté, Hugues Frenette, Pierre-François Legendre, Véronica Makdissi-Warren, Jack Robitaille

Mise en scène
Michel Nadeau

Avec
Marie-Josée Bastien, Lorraine Côté, Hugues Frenette, Pierre-François Legendre, Anne-Marie Olivier, Jack Robitaille

Scénographie et accessoires
Monique Dion

Costumes
Marie-Chantale Vaillancourt

Éclairages
Denis Guérette

Environnement sonore
Yves Dubois

Assist. mise en scène
Anne-Marie Olivier

Une production du Théâtre Niveau Parking

Du 30 novembre au 18 décembre 2004
8 février 2005 au Th. Outremont
Reprise exceptionnelle du 6 au 10 juin 2006, Théâtre d'Aujourd'hui

 

par Julie Lacasse (2004)

Ode

Récipiendaire du Masque de la meilleure production Québec 2003, la compagnie théâtrale Théâtre Niveau Parking débarque à Montréal pour nous présenter Lentement la beauté.

Riche de moments drôles et de jeux scéniques, la pièce, mise en scène par Michel Nadeau, raconte un moment de la vie d’un homme qui a tout ce qu’il a toujours voulu mais qui ressent tout de même un vide intérieur jusqu’au jour il gagne des billets pour aller voir Les trois sœurs de Tchekov au théâtre. On se balade avec lui, du bureau à la maison, du théâtre au petit café de quartier, rencontrant ses collègues de bureau, sa femme et ses enfants. On passe du rêvé à la réalité, de la douceur de vivre aux souffrances inhérentes au quotidien de la vie. La mort d’un ami, les problèmes de couple, les relations parents-enfants, etc. Tout ça en parallèle avec la pièce de Tchekov.

Les comédiens jouent plusieurs personnages et les changements de costumes et de décors sont habilement conçus. Quelques chaises et tables déplacées et on passe du bureau au café ou de l’autobus à la cuisine familiale. On joue avec les chorégraphies, les démarches, les façons de parler, empruntant au ralenti et à l’incompréhensible pour mettre en évidence certains personnages, certaines situations, comme si on faisait un focus ou un gros plan dans une foule. En fait, le traitement de la mise en scène est très proche du cinéma si on regarde les choses sous cet angle. Très proche aussi de la comédie musicale dans les chorégraphies.


Photo : Louise Leblanc

Malgré les 2 heures sans entracte, on ne s’ennuie pas, il n’y a pas de temps mort. Il y a suffisamment de situations différentes et de personnages pour permettre au spectateur de suivre facilement et de garder sa concentration. Et puis c’est très contemporain, très réaliste, un peu comme l’étaient les pièces de Tchekov à son époque, traitant des malaises de la bourgeoisie, de son ennui et de son manque d’initiative. En tant que spectateur, il est pratiquement impossible de ne pas s’identifier à au moins un des personnages car presque tous les groupes sociaux y sont représentés. L’itinérante, les ados, les étudiants, les artistes, les cadres de bureau, les employés, la famille, les jet-set, les malades, etc. Le paysage est très diversifié.

Traiter de l’ennuie tout en faisant ressortir la beauté de l’humain et son essence poétique est l’exploit accompli par le Théâtre niveau parking. Une pièce à ne pas manquer qui nous prouve encore une fois que la dramaturgie québécoise recèle des trésors toujours renouvelés.

10/12/2004

 

par Geneviève Germain

Empreinte d’une lenteur réconfortante et d’une simplicité attachante, la pièce Lentement la beauté porte bien son nom. Crée en 2003 par le Théâtre Niveau Parking, elle a notamment reçu le Masque de la meilleure production Québec ainsi que la palme de « la plus grande émotion théâtrale » du journal Voir Québec. Issue d’un collectif d’auteurs, Lentement la beauté séduit par son texte qui, tout en étant poétique, sait demeurer clair et accessible. Michel Nadeau, co-auteur de la pièce, signe ici une mise en scène riche et peaufinée, qui nous fait passer tout doucement du rêve à la réalité, tant du côté du monde du théâtre que celui du quotidien.

Le personnage central de la pièce, M. L’Homme, est à l’image même de tout ce qu’il y a de plus ordinaire. On devine que depuis de nombreuses années, il se rend tous les jours au boulot, vêtu d’un complet-cravate, retrouvant sa femme et ses enfants le soir venu, comme tant d’autres. Et pourtant. Pourtant un jour qui se déroulait comme toujours, il gagne des billets pour la pièce de théâtre Les trois sœurs d’Anton Tchekhov. Sa perception du monde qui l’entoure est alors affectée, les personnages et les mots de la pièce remplissant sans cesse son esprit. Trouvant refuge dans les répliques de la pièce de Tchekhov, on suit son cheminement intérieur alors qu’il entrevoit le monde extérieur sous un tout autre angle, parcourant les lieux de son quotidien.

Rien n’est précipité dans la pièce, comme l’annonce son titre. On assiste tranquillement à la métamorphose de l’univers entourant M. L’Homme. Tous les acteurs sont mis à profit afin d’illustrer la douce effervescence qui l’entoure, passant des gens qu’il croise le matin avant de se rendre au bureau, aux collègues qu’il côtoie, au café où il se rend pour mieux relire la pièce de Tchekhov, jusqu’à sa petite famille. Chacun porte plusieurs chapeaux outre le personnage principal, la troupe s’acquittant très bien de ce vaste répertoire que chacun doit interpréter.

 
crédit : Louise Leblanc

La mise en scène sied habilement au propos de la pièce, créant une ambiance feutrée et ludique, comme si l’on se retrouvait en plein cœur de la réflexion de M. L’Homme. Plusieurs éléments le mettent en relief de l’action qui se déroule : lui avançant au ralenti alors que la foule tourbillonne autour, ou encore lui s’adressant à ses collègues alors qu’eux n’émettent que des répliques sous forme de plaintes vocales. Tous ces détails parviennent à conserver l’attention que l’on porte à l’histoire et à la quête intérieure qui s’offre à M. L’Homme.

Le Théâtre du Niveau Parking parvient habilement à nous attendrir avec Lentement la beauté.  Des rafales d’émotions? Non. Mais tout de même un petit ressac de vagues d’émotions qui suffisent à nous bercer pendant les deux heures que dure la pièce.

26-03-2007